Du 15 juillet au 15 août.

Parti d'Angers en stop, je suis arrivé en 2 jours à d'Irun, côte atlantique donc, et j'ai commencé à marcher sur le GR 11 espagnole vers 16h. Au bout d'une heure je sympathise avec un espagnol dans une démarche aussi de rando légère. On marche ensemble pendant 2 jours.

Je croiserai ainsi des gens de toute l'europe (allemands, tchèques, français, espagnoles, anglais), solitaires, amis, couples, entre 20 et 30 ans pour la plupart, mais aussi un guide de haute-montagne de 45 ans préparant un nouveau guide, deux frères de 70 ans terminant la traversée des Pyrénées en 5 semaines. marcher ensemble et/ou bivouaquer ensemble.

J'ai donc marché pendant 4 semaines, au début en moyenne montagne et sous la pluie, puis en altitude et avec du beau temps le plus souvent. J'ai arrêté la rando à Espot (c'est à 2 ou 3 jours de marche avant l'Andorre).

Je n'ai pas préparé l'itinéraire à l'avance et suis parti avec une carte au 100 millième. L'idée était de faire comme si je voyageais au long cours et dans des régions peu documentées, donc en devant improviser et m'adapter au fur et à mesure. Je ne connaissais pas les étapes officielles de la traversée et ne voulais pas dormir dans les refuges payant. Je voulais aussi faire ce voyage en dépensant un minimum d'argent et en expérimentant de voyager seul.

Mon équipement longuement préparé était volontairement non-spécifique à la montagne. L'idée était d'expérimenter un matériel simple, léger, low-tech (non high-tech), qui passe partout : ville/campagne, été/hiver, plaine/montagne, etc. Pas de veste Gore-Tex, pas de chaussures de montagne, mais un petit sac à dos de 45 litres, un pull en laine, un bon sac de couchage en duvet, un réchaud à bois pour la cuisine, un tarp pour m'abriter (sorte de bâche améliorée et légère), une lanterne à huile, un peu d'outillage, etc.

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Au départ je n'avais qu'une carte au 100 millième, car je ne voulais pas être trop dépendant des cartes. Mais comme je me suis perdu plusieurs fois (le GR n'est pas toujours bien balisé, voir différent de la carte), j'ai acheté dès que j'ai pu quelques cartes au 50 millième.

Ce n'est pas si facile de trouver des boutiques en pleine montagne pour acheter à manger, des cartes, du gaz pour réchaud. Plusieurs fois j'ai dû faire du stop ou modifier mon parcours pour rejoindre un village suffisament grand. De plus les horaires des boutiques espagnoles étaient très décalées avec les miennes. Ca m'est arrivé plusieurs fois d'arriver dans un village, d'attendre tout l'après-midi l'ouverture d'une boutique et que finalement, le commerçant décide de ne pas rouvrir...
Comme je dormais loin des villages, j'y arrivais en milieu de journée et trouvais les boutiques fermées. Et moment où elles rouvrent, entre 17 et 18h, moi je suis déjà reparti vers mon lieu de bivouac (entre 1 et 3 heures de marche, puis m'installer manger etc.) Mes horaires étaient : levé le matin entre 6h et 7h et couché le soir entre 21h et 23h. Je partais sans petit déjeuner, je mangeais en marchant et prennais une bonne pose autour de 10h. Déjeuner rapide vers 13h, et dîner vers 18h.

Donc je marchais entre 6 et 9 heures par jour (et même une fois 12h/45km !)

Normalement je suivais le GR 11 ou ses variantes comme le GR 12. Mais parfois j'ai fais de gros écarts, pour des contraintes de ravitaillement, ou pour prendre un parcours plus en altitude suite aux conseils de personnes croisées sur le chemin.

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Par exemple au bout de 2 semaines j'ai fait un tri dans mes affaires et j'ai constitué un paquet d'1,8kg à renvoyer en France. Mais impossible de trouver une poste ouverte et prenant les paquets pour la France. Ca m'a fait "perdre" (guillemets, car en fait ça fait partie du jeu !) une journée et demie de marche. Je suis finalement allé jusqu'à Saint-Larry en France. Pas de chance, je suis arrivé à midi pile devant la magnifique poste française (oui, magnifique comparé à celles que j'ai vues en Espagne), pile à la fermeture, donc encore 2 heures d'attente. Ca me permet quand même de prendre un bon bol d'air français, avec une bonne pêche bien mûre et une quiche lorraine bien grasse et parfumée. J'ai aussi acheté une petite bouteille de gaz et 3 livres de poche.
Du coup, au lieu de reprendre le GR en Espagne là où je l'ai quitté, je prends le GR 10 pas loin de Saint-Larry, qui se dirige justement en direction de l'Espagne. Je prends ensuite d'autres chemins balisés qui me font passer par de hauts cols à plus de 3000m d'altitude.

Souvent je lisais le soir ou dans la journée quelques polars.

J'ai rencontré pas mal de monde. Randonneur à la journée, sur quelques jours, quelques semaines. Avec certains j'ai marché un jour ou deux, avec d'autres on se retrouvait juste le soir certains jours, ou d'autres encore juste échanger quelques mots et sourires en plein milieu d'une pente abrupte et sous les bourasques de vent. C'était toujours très riche.

J'ai eu pas mal de petites difficultés physiques : tendinites aux talons, aux genoux, foulure de la cheville. Mon bâton de marche fabriqué sur place en noisetier m'a bien aidé. J'avais sur-estimé mon entrainement (les muscles de la campagne ne sont pas ceux de la montagne), j'ai voulu aller trop vite dès les premiers jours (j'aime faire de la distance et j'admirai certaines personnes faire la traversée en 3 semaines seulement, restes de mes courses de trail).
J'ai aussi mal géré ma nourriture, trop de réserves inutiles, ravitaillements trop éloignés. Et ma géré mon carburant de cuisine (bois peu sec, bouteilles de gaz à vis rares).
Bref, vitesse et autonomie ne vont pas de paire ! La prochaine fois je démarrerai plus progressivement, porterai moins de nourriture et orienterai mes étapes pour passer par des villes / villages suffisament grands.

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Par contre pour le matériel, j'en suis très content. Mon sac à dos fait maison n'a pas bougé, mes chaussures légères étaient suffisantes dans les nevées, les pierriers et l'escalade, mes vêtements parfaits (pull laine/coupe vent en coton/poncho en nylon), mon système de couchage tarp/duvet très bon (le tarp 2,5x1,5m un peu petit en cas de gros temps tout de même). La poche ventrale super pratique. Les chapeaux plutôt que les lunettes de soleil me convenaient très bien. Mes vêtements et mon couchage convenaient bien aux températures variables de la montagne : très chaud la journée et parfois bien froid la nuit (0°C à 3000m une nuit à la belle-étoile)

Ce qui n'allait pas :
- le réchaud à bois fonctionne mal avec du bois humide (contrairement à un vrai feu)
- les petites chaussures en cuir de Bison Bushcraft sans renfort de talon sont inadaptées pour moi sur la durée (les tendinites aux talons)
- le tissu du sac à dos top qualité soi-disant super waterproof s'est révélé perméable (sur trois jours de pluie)
- la jupe impérméable tient mal le vent (c'est pourtant là qu'on le plus besoin de protection)

J'ai arrêter de marcher après un mois, car ça faisait déjà long et je n'arrivais pas à récupérer de la fatigue générale aux tendinites. Et puis durant la dernière semaine mon estomac s'est bloqué pendant 2 jours, suite à l'ingestion d'une boite de thon, je pouvais tout juste boire. J'ai fini par la vomir avec tout ce que j'avais mangé ce jour là ! Une accumulation de problèmes m'a donc décider à arrêter.

Bon voilà. J'aurai appris beaucoup de choses, cette expérience de voyage-rando à l'étranger a rempli son but. Je me connais mieux et j'ai pris de meilleurs repères de voyages.
Sans parler bien sûr des magnifiques paysages, parfois sublimes....

=> Voir les photos ici

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Ensuite une semaine à Barcelone en stop et bus. Accueilli chez Audrey une ex-petite amie et son compagnon. Une semaine n'était pas de trop pour récupérer ! Merci à eux deux :-)

Une nuit aussi en couchsurfing.

Puis retour en France.