En ce qui me concerne, je ne sais pas.
J'ai juste le pressentiment que si j'étais avec quelqu'un, quelqu'un de proche, je ne pourrai agir qu'avec que face au regard de l'autre. Ce qui est enfermant pour moi, ou plutôt ça exacerbe ma fermeture. Car j'ai mis en place une certaine image de moi-même dans cette relation (et dans les relations en général). Seulement cette image de moi-même, ce n'est pas moi. Et agir autrement révellerai ce secret trop honteux, que je jouais un rôle. Et ça, je ne peux l'assumer.
Et puis je risquerai de devenir moi-même. Sans plus aucun contrôle !
Ce qui me terrorise. je dois maintenir cette image coûte que coûte.
Voyager seul me permet d'agir plus librement, je n'ai de compte à rendre à personne, juste à moi-même. Affronter ma propre honte, seul, ça redevient gérable. Ca pourrai même être drôle à la limite. Oui, car je ne fais pas qu'illusionner l'autre avec cette image, je m'illusionne d'abord moi-même, ce petit jeu intérieur permanent à la limite de la conscience – limite soigneusement entretenue en permanence aussi (que d'efforts…).
Donc, en voyageant seul, je mets ces trucs relationnels de côté et peux plus facilement modifier mon image (à défaut de la détruire), c'est à dire adopter de nouveaux comportements, attitudes, dans mon quotidien du voyage, les nouvelles rencontres, tout. Changer et rechanger d'attitude quand/comme je veux.
Ou presque… Avec la réserve, malgré tout, de ma simple condition d'être humain, convaincu dans les profondeurs de son corps d'être assujetti à l'incommensurable et terrible peur existentielle primaire.
Exécuter en conscience et librement (je peux maintenant me le permettre davantage) l'action la plus adaptée, la plus juste, et me rapprocher doucement de la folie, l'absence de limites, la sagesse.
Bien sûr, le plus important est de vivre/être cette liberté là, même en présence de ces fameux proches, et en toute situation. Mais ce voyage solitaire justement, paradoxalement, grâce à ces expérimentations et confrontations diverses qu'offre le parcours, me permet de mieux me connaître, découvrir et sentir qui je suis vraiment, et donc de développer (retrouver plutôt) ma confiance en moi, ma confiance en la vie, pour enfin assumer qui je suis, quelque soit le regard de l'autre.
En tout cas, je l'espère….
Mais je n'en sais rien. Je dois voyager un temps, c'est tout.
—-
(*) Mes proches, c'est à dire, ceux qui m'aiment, me reconnaissent, sans qui je ne pourrai plus exister, comme me le laisse croire toujours cette fameuse pseudo certitude existentielle.