Arrivé à Tabriz par bus de nuit a 6h le matin. Je prends mon billet de bus pour Maku pour rejoindre la Turquie, mais un géorgien croisé au terminal me fait changer d’avis et me décide à passer l’Arménie, le trajet est plus court, pourquoi pas… Il faut que j’aille d’abord à Djolfa, frontière avec la partie ouest de l’Azerbaïdjan (pays en 2 parties séparées par l’Arménie, quelques conflits), puis à Nodus, dernière ville avant l’Arménie.
Totalement improvisé, je ne connais ni la devise, aucun mot d’arménien, ne sais pas le nom de la capitale ou de villes par où passer, ni quel visa il me faut, si je serai accepté et combien ça me coûterai, pas de carte routière (juste une carte grossière du Caucase). Il me reste 250000 Rials (6 euros), 40 dollars et 100 Lira turques en poche, je suis en Iran et ne peux toujours pas retirer d’argent.
D’abord rejoindre la frontière arménienne, j’hésite beaucoup encore, pas évident, aucun bus apparemment, et même les taxis vont très peu là-bas. Si je suis refusé à la frontière, est-ce que j’ai assez d’argent pour retourner vers Maku et passer la frontière turque dans la journée, très juste…
C’est un long trajet dans des petites routes de basse montagne, magnifiques. Je paye 110000 Rials pour ça, soit 3 euros en taxi ! (2-3h de route de montagne quand même). Même après Nodus, la route est encore longue, sensation de bout du monde…
Passé la frontière, sortie d’Iran et entrée en Arménie, pas de souci. Je suis juste le seul à passer la frontière, c’est désert ! Les militaires Arméniens me serrent chaleureusement la pince, ça change…
Il fallait bien un visa, mais j’ai pu le prendre à la douane arménienne. Juste un petit souci, ils me demandent de payer en Dram, 3000 Drams (~8 dollars) et je n’en ai pas. J’aurai pu faire le change juste avant de quitter l’Iran, mais mon empressement… Là je suis entre les deux douanes. Du coup ils me font passer la frontière arménienne accompagné d’un douanier, sans passeport ni bagage, avec seulement mes 40 dollars pour faire le change. Puis retour entre les deux douanes pour payer le visa et avancer avec mon sac. Mon sac passe par le détecteur de métaux. Toujours un peu de stress, car j’ai quand même 2 bons couteaux et une grande lame de scie de 30cm. Mais mon matelas mousse aluminisé, je suppose, cache tout des rayons. Le sac passe et le gars ne me demande rien ! Cool. En Iran le douanier avait fouillé le sac, mais trop grossièrement, donc ça c’était bien passé aussi. De toute façon, dans mon rapport à eux je reste toujours tranquille et souriant, confiant, conciliant, malgré le stress, et ça se passe bien.
Juste après être entré en Arménie (je suis toujours dans l’espace de la douane), je me fais assaillir comme d’habitude par les changeurs de monnaie au black et les taxis qui me proposent de rejoindre Yérévane (j’apprends là que c’est la capitale) pour 100 dollars, ce qui est très cher pour moi et de toute façon il ne me reste que 30 dollars (au change arménien ils ont refusé mes Rials iranniens !). Je leurs demande les mots de base en arménien (ils parlent un peu anglais) : bonjour (« balev »), merci (qui se dit aussi « merci », comme en Iran), oui (« ayo »), non (« votch »), et vais tenter le stop, quoique un peu inquiet vu le peu de voitures et de camion que je peux voir…
Et encore un nouvel alphabet ! le 7ème ?
Ça a été un peu fou, j’ai fini par monter dans une voiture avec des gens louches qui font tout un trafic (avec changement complet du personnel à une station de gaz à Kapan) et qui m’ignorent totalement durant tout le trajet, passent leur temps à discuter, rigoler et à téléphoner, roulent comme des fous (le téléphone à l’oreille) dans les petites routes de montagne en doublant les gros camions qui eux rament avec leurs chaînes à neige, mais je n’ai pas quitté la voiture (bien qu’en y ayant beaucoup pensé), je m’en suis remis à Dieu et j’ai même dormi ! Des montagnes encore différentes et magnifiques, toutes enneigées, quelques petits villages misérables qui se fondent dans le paysage.
Et ça s’est bien passé. Arrivé vers 20h à Yérévane. Ils me laisse devant un hôtel (« oui, oui il est pas cher, maximum 10$ ! ») et je leurs donne les 25$. L’hôtel est en fait à 30$, très cher pour moi, mais je n’en trouve pas d’autres dans le quartier et il est un peu tard. Et mon voyage se termine, je sais que j’arriverai à destination avec ce que j’ai et je commence à m’en ficher pas mal de mes dépenses d’argent. Reste à trouver un distributeur et à changer mes Rials. Après avoir tourné un peu, j’arrive à retirer de l’argent avec la carte visa, l’équivalent de 200€ pour limité les frais bancaires. Je ne paye finalement que 22$ pour la chambre, et j’ai mon toit pour cette nuit, m’allonger enfin, après 36 heures de déplacement permanent.
Le lendemain, parti à 8h de l’hôtel, un peu fatigué. Trouver où prendre le bus pour Tbilissi et y aller. Acheter un peu de nourriture pour le trajet. Je tourne un peu, on me renseigne un peu, je prends un mini-bus qui me laisse au terminal, presque par hasard (« Avtobous terminal Tbilissi ? »).
Ce sont des mini-bus en fait qui vont à Tbilissi (encore les fameux Ford Transit), et finalement non, un monospace improvisé en mini-bus avec des Syriens qui habitent l’Arménie depuis longtemps, pour aller à Tbilissi. Je discute un peu avec eux, en anglais, bon feeling, ils sont commerçant et vont ensuite en Turquie puis en Syrie, apparemment la frontière est ouverte à l’ouest de la bordure Syrie-Turquie. Ils me disent que ce qui se passe là-bas en Syrie est vraiment très moche, qu’ils en sont bouleversés et qu’ils ne savent pas ce que ça va devenir…
Croisé aussi au terminal un Japonais aux cheveux bouclés qui habite en Arménie depuis un an et qui va chercher un visa iranien à Trabzon en Turquie, en passant par la Géorgie, et un voyageur espagnol qui va aussi en Iran mais par l’Arménie (il a déjà le visa) et qui me change mes Rials dont personne ne veut contre 5 pounds anglaises. Tous les deux très sympas, petite 30aine environ. De manière générale les contacts avec les autres voyageurs est toujours très facile, confiance et entre-aide spontanées, comme si on était tous du même pays, ou de la même patrie celle des voyageurs.
Arrivé à Tbilissi vers 14h heures (rajouté une demie heure à la montre), très rapide encore. Vu au passage un combat de chiens en plein champs au bord de la route, plein de spectateurs, mais pas trop motivés les chiens (« mais arrête tu me fais mal, la! »).
Enfin de retour à Tbilissi ! Trop heureux, me sens presque chez moi, je connais un peu cette ville et sais comment elle fonctionne.
Et je retrouve mes chers amis David et Morgane au Kanadoo-Bar, là ou David fait les tatouages. J’ai pu les contacter grâce à ma carte SIM géorgienne que j’avais gardée.
Ils viennent de passer une nuit sous le vent en montagne, partis randonner dans la neige avec leur mule et leur âne. Donc pas trop dormi eux non plus, et leurs mères et grand-mère arrivent cette nuit par avion, vers 4h du matin.
C’est cette grand-mère qui vient d’Angers et qui a ma carte bancaire, transmise par ma mère, qui lui a été transmise avant par mon frère.
J’avais beaucoup d’énergie et de détermination pour faire ce trajet et maintenant que je suis là, j’ai la patate, comme quoi, c’est bien là que je dois être !
Cette nuit dormi dans le studio de tatouage, je les rejoins à la guesthouse tout a l’heure.
Pour retourner en France, maintenant j’hésite à prendre un avion. Les semaines de voyage en stop et dormir je sais pas où, ça suffit.
Enfin… je verrai…
En tout cas je sens clairement que maintenant le voyage est terminé.
Ali-Réza, qui m’a aidé au terminal de Sanandaj. Travaille dans l’environnement. Échangés contacts.
Les pompes à gaz pour faire le plein des voitures en Arménie, pas de retour de pression, fixé à la voiture à la clé anglaise !
Village en Arménie.
Mise à jour 29 déc 2012
Ca y est, j’ai pris mon billet d’avion ! Moi qui n’imaginais pas ça jusqu’à il y a seulement une semaine…
J’arrive donc, si tout va comme prévu, à Orly le 7 janvier vers 17 – 18h. Pegasus la compagnie d’avion. Une escale à Istanbul.
Quel suspens!
Tu nous fait nous cramponner à nos fauteuils jusqu’au bout!
Je pense à toi pour cette nuit de réveillon.
Bises